Page 14 - REVUE SYNDICALE 2017_1
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ACTUautonome





                                    Les dépAsseMents


                                  dU teMps de trAVAiL


        des sApeUrs-poMpiers professionneLs

                       trop fAibLeMent indeMnisés






                  Par un jugement n° 1308719      du temps de travail supérieure à 2   correspondant à un temps de travail
                      daté du 1  mars 2017, le    256 heures et allant jusqu’à 2 400   effectué.
                               er
               Tribunal Administratif de Nantes   heures, les dispositions précitées
                                                                                                       er
                      a jugé une affaire relative   de l’article 4 du décret du 31   D’autre part, par un arrêt du 1  décembre
                                                  décembre 2001 méconnaissent
                                                                                2016 (cour administrative d’appel de Nancy,
                   au dépassement de la durée     le seuil communautaire de 48   n° 15NC0280) le préjudice subi par le re-
                    maximale de son temps de      heures hebdomadaires ; qu’au   quérant au titre de l’ensemble des troubles
                 travail par un sapeur-pompier    demeurant, ces dispositions ont   subis dans ces conditions d’existence en
                    professionnel exerçant ses    été abrogées par un décret n°   raison du surcroît de travail a été évalué
                                                  2013-1186 du 18 décembre 2013
                                                                                dans un rapport nettement plus favorable,
                  fonctions au sein du SDIS du    afin de rendre le régime horaire des   en retenant pour un dépassement de 55
                 Maine-et-Loire, en application   sapeurs-pompiers astreints à des   heures du temps de travail, des dommages
                     d’une délibération illégale.   gardes de 24 heures compatible   et intérêts à hauteur de 1.000 €uros. Rap-
                      Il a reconnu la possibilité   avec les dispositions de la directive   porté au volume horaire du dépassement
                      d’indemniser le préjudice   2003/88/CE du 4 novembre 2003 ».  constaté dans le cas d’espèce par le SPP
                                                                                du SDIS de Maine-et-Loire, cette propor-
              résultant de plus de 2.000 heures     Sur ce fondement, le tribunal a   tion représenterait un préjudice indemnisé
                accomplies au-delà de la limite     annulé la délibération litigieuse   à près de 39.000 euros !
                    réglementaire à hauteur de      autorisant un dépassement du
                       seulement 6000 €uros…        seuil de 2.256 heures par an,     La procédure en appel est lancée.
                                                    car elle fixait une durée d’équi-               Affaire à suivre.
                                                    valence correspondant à 2.844
                                                    heures.
        A travers ce jugement, le tribunal adminis-
        tratif de Nantes a tout d’abord rappelé que   S’agissant de l’indemnisation du préju-
        « si les dispositions de la directive 2003/88/  dice, la juridiction saisie a précisé que le
        CE du 4 novembre 2003 ne font pas obstacle   requérant « est seulement fondé à recher-
        à l’application de rapports d’équivalence   cher la responsabilité de l’administration
        aux durées maximales de travail fixées par   à raison de l’illégalité dont la délibération
        le droit national, il ne saurait en résulter une   est entachée ». Elle estimait ensuite que le
        inobservation des seuils et plafonds com-  demandeur ne saurait revendiquer aucun
        munautaires, pour l’appréciation desquels   droit à rémunération ou à indemnité autre
        les périodes de travail effectif doivent être   que ceux prévus par les textes légalement
        comptabilisées dans leur intégralité, sans   applicables et ainsi tirer de l’illégalité en-
        possibilité de pondération ».       tachant la délibération précitée un droit à
                                            rémunération d’heures supplémentaires
        Les juges ont ensuite considéré « qu’il   ou d’indemnités liées à la perte de repos
        résulte de l’instruction que le congé annuel   pendant lesquelles cette délibération s’est
        des sapeurs-pompiers professionnels est   appliquée à sa situation.
        de cinq semaines par an ; qu’il s’ensuit que
        le seuil maximal de 48 heures pour chaque   C’est donc uniquement le trouble dans les
        période de sept jours, fixé par l’article 6   conditions d’existence qui a été indemnisé.
        de la directive, doit s’apprécier, eu égard   Cette décision est contestable à plus d’un
        aux dispositions de l’article 16 de la même   titre.  D’une part sur le mode de calcul
        directive, sur les quarante-sept semaines   du préjudice. En effet, contrairement à
        de travail d’un sapeur-pompier et, par   l’appréciation du Tribunal Administratif
        conséquent, correspond à un seuil de 2.256   de Nantes, il semble recevable d’apprécier
        heures par an ; qu’ainsi, en permettant une   la valeur perdue d’un temps de repos
        durée d’équivalence au décompte annuel   en la comparant avec la rémunération



                                                       l’échodes
       12 I   Magazine Edition 1  semestre 2017        Sapeurs-Pompiers
                     er
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