Page 21 - REVUE SYNDICALE 2016_2
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TouTe l’acTualiTé sans langue de bois !
ventions, la cagoule est utilisée comme Qui est concerné ? et l’efficacité et en identifiant les acteurs
un moyen de lutter contre les poussières En premier lieu les sapeurs-pompiers de cette mesure DGSCGC et/ou SDIS. En
et les particules fines. Son efficacité en intervenants mais une attention toute analysant ces tableaux, nous pouvons
la matière n’est pas probante. De même particulière doit également être portée remarquer que : Le critère de l’efficacité,
que l’emploi des lunettes de protection aux personnels formateurs qui se comme les deux autres critères, est censé
en feux de forêts ne font l’objet d’aucun retrouvent très régulièrement exposés être noté sur 5. Or aucune préconisation
contrôle et peuvent présenter un risque aux conditions réelles (caisson, etc.) Sont n’obtient la note de 4 ou 5.
de contamination oculaire. En outre, le également concernés les personnels qui Deux dispositions ont 3/5 :
interviennent sur les feux : chaîne de - Prévenir et dépister : mettre à jour
seul le masque ARI commandement, services publics (forces les fiches d’exposition (obligation
fait l’objet d’une de l’ordre, ERDF, GRDF…) Sont également réglementaire) in intégrant les
obligation de exposés tous les agents qui travaillent risques liés aux fumées
nettoyage au sein de la caserne : travaillent avec • Cette mesure s’adresse aux SDIS
des agents potentiellement contaminés • Si son coût est évalué au plus bas,
elle a un niveau de difficulté de 3/5
Les principaux effets
rapport pointe aussi l’absence de pro- -Mesures spécifiques aux formations
tocole lié à la décontamination de tous médico-sanitaires sur feux réels : agir sur l’organisation :
les équipements. Une étude sur la mortalité des SPP (2007 veiller à prendre en compte l’impact
à 2011) démontre : des fumées sur le site de formation
L’attention est porté sur la veste et le pan- - Une sous-mortalité des plus jeunes et sur le voisinage (ex. dispositif de
talon de feu mais pas sur le reste de la (méthode de recrutement qui permet de captation des fumées)
tenue pourtant vecteur de contamination favoriser les recrutements de personnels • Cette mesure s’adresse aux SDIS
: gants (utilisés dans tout type d’interven- avec un excellent état de santé) • Son coût est évalué à 4/5 et sa
tion), chaussant utilisé dans les lieux de - Une disparition de cette sous-mortalité difficulté de mise en œuvre à 3/5
vie de la caserne sans décontamination progressivement avec l’âge Ses deux mesures étant reconnus
préalable, seul le masque ARI fait l’objet - Une propension au cancer non statis- comme les plus efficaces doivent
d’une obligation de nettoyage mais pas tiquement différente de la moyenne donc devenir l’objectif à atteindre
les autres éléments le composants, pas générale mais une surmortalité modé- de nos SDIS. Cependant, ils seront
de protection particulière utilisée lors rée pour certains types de cancers : le résultat d’un processus engagé
du nettoyage du matériel, recondition- broncho-pulmonaire, lèvre-cavité en amont.
nement du matériel qui peut se faire par buccale-larynx, foie et voies biliaires,
des agents qui portent des vêtements pancréas, tissus lymphatiques et héma-
non décontaminés… topoïétiques.
D’autres risques sont également avérés : La Fédération Autonome SPP-PATS estime que ce
Le rapport pointe également la sous-éva- • Le risque cardiaque lié à l’inhalation et rapport est insuffisant. Comment expliquer qu’un
luation des risques liés aux incendies de à l’exposition de substances toxiques dossier aussi important lié à la santé des SPP n’ait
trouvé un espace de réflexion uniquement dans
feux de végétaux combattus soit à pied et aux pics cardiaques liés à l’activité une commission de la CNRACL ?
soit depuis le CCF dont les cabines ne • Les pneumopathies : l’inhalation de
sont pas équipées de filtre d’air ambiant, fumée atténue le pouvoir des défenses Les principaux intervenants de cette commission
ni d’appareils de détection de monoxydes immunitaires ont effectué un état des lieux mais les axes de
de carbone, etc. prévention ne sont basés sur aucune réflexion
Après ce constat, le groupe présente scientifique nécessitant l’intervention d’experts
Il n’existe en outre pas d’essai thermiques sous forme de tableaux (avant, pendant en la matière ni sur aucune des procédures mises
ou de référentiel permettant de vérifier le et après intervention) des mesures de en place au sein de certains pays scandinaves,
respect des exigences en matière d’étan- prévention en notant 3 critères de mise États Unis, Canada ou autres pays anglosaxons qui
chéité aux fumées dans ces véhicules. en œuvre de 1 à 5 sur la difficulté, le coût ont pris la pleine mesure de cette problématique
depuis des années !
Nous exigeons la prise en compte immédiate de
cette problématique par la DGSCGC comme par
l’ensemble des SDIS de France. Les préconisations
en matière de prévention, de mise en place de
protocoles médicaux, de décontamination, etc.
doivent être la première étape dans la prise en
compte de ce qui pourrait être le prochain scandale
sanitaire infligé à notre corporation ! N’oublions
pas l’augmentation du risque cancer dénoncé par
ce rapport comme par de nombreuses études
médicales. La France doit tenir compte des actions
menées dans certains de ses pays voisins où les
autorités ont fait preuve de bien plus d’engagement
dans la préservation de la santé de leurs pompiers.
Nous n’accepterons pas le même traitement que
les affaires du sang contaminé ou de l’amiante !
Les autorités doivent tirer toutes les conséquences
des scandales passés.
l’échodes eme
Sapeurs-Pompiers Magazine Edition 2 semestre 2017 I 19